Here is the excellent review in French by the critic Pierre Flinois, about the Andrea Chenier concert version given at the Théâtre des Champs Elysées on the 26th.
For the second time in two weeks, I was there for an opera in concert version and each time it was very enjoyable because the musicianship of all partners on stage is superior to my tatse ,when it is a concert version. All artists concentrate on music, and drama in words, more than ever, compared to a staged or semi staged version. That Andrea Chenier night will be a memorable one for all the excellent participants who left Munich and the run of fantastic staged versions to offer to the packed théâtre des Champs Elysées a superlative night.
Of course I was completely under the spell of Anja Harteros singing and acting. She was very charming in a shiny lace dress. She seemed really at ease in this new role and made it more and more dramatic until the march to death with her beloved poet. When someone sneezed loudly in the audience right at the beginning of 'La mamma morta' I felt very annoyed and saw the effect on a young woman in the orchestra: she was giggling I felt awful to be disturbed like that and then the beautiful long breathing which sustained Maddalena's sorrow, the way Anja Harteros sings this, brought me in the emotional realm of this extraordinary soprano. She was even more at ease than ever in her supreme long piani . She got tremendous applause before the end of the aria and stayed there very concentrated, hands joined, waiting to resume the aria.
At the end, the three main roles, Gérard, Madeleine, André received thundering applause : the house was delirious. there are so many good reviews of that night! the 'dream couple' on stage,
Anja and Jonas, is praised for both musicality and chemistry; It is true! That night, Anja was very supportive because it could be felt that after the first act Jonas Kaufmann was not at his usual top level, still very good and involved but perhaps tired after this journey to Paris at the nearly end of the BSO Andrea Chenier performances. 'The way Luca Salsi gave life to Carlo Gérard made me realise how complex this role was: his voice, perhaps not as rich as the nignt of the live stream, was authoritative and scornful enough for someone who is fighting to liberate 'the slaves' of the Ancien Régime, but is in love since childhood with the young Madeleine who makes him dream. Luca Salsi gave a very human interpretation of this role, and
therefore was more credible too. He was moving in his act with Madeleine, not only aggressive.
Anja and Jonas, is praised for both musicality and chemistry; It is true! That night, Anja was very supportive because it could be felt that after the first act Jonas Kaufmann was not at his usual top level, still very good and involved but perhaps tired after this journey to Paris at the nearly end of the BSO Andrea Chenier performances. 'The way Luca Salsi gave life to Carlo Gérard made me realise how complex this role was: his voice, perhaps not as rich as the nignt of the live stream, was authoritative and scornful enough for someone who is fighting to liberate 'the slaves' of the Ancien Régime, but is in love since childhood with the young Madeleine who makes him dream. Luca Salsi gave a very human interpretation of this role, and
therefore was more credible too. He was moving in his act with Madeleine, not only aggressive.
In the end what made this night a jewel is the emotion they all shared in their singing and acting, no costumes, no setting and yet tremendous emotions poured out from the stage ! That is the result of excellency which came from BSO one night for us, the Revolutionary heirs.. on Avenue Montaigne...what a paradox!
Available reviews:
Omer Meir Wellber (direction musicale), Jonas Kaufmann (Andrea Chénier) et Anja Harteros (Madeleine de Coigny).
le 26/03/2017 - Paris, Théâtre des Champs-Elysées
Pierre Flinois
Un Andrea Chénier
d’exception au Théâtre des Champs-Elysées vient nous rappeler, une fois
de plus, entre merveilles et inquiétude pour son ténor, le rang
toujours majeur de la Staatsoper de Munich. Le rendez-vous est désormais
traditionnel : la Bayerische Staatsoper se déplace au Théâtre des
Champs-Elysées pour un soir, avec une version de concert d’une
production – nouvelle ou non – que Munich vient de saluer dans une
distribution luxueuse.
Après La Walkyrie, Le Chevalier à la rose et hier Ariane à Naxos, voici Andrea Chénier,
de fait bien rare à Paris : l’Opéra aura attendu 2009 – 113 ans après
la création, rien de moins – pour l’inscrire à son répertoire, précédé
pourtant vingt ans plut tôt par Versailles et sa Pièce d’eau des Suisses
– idée malheureuse : le son fut désastreux – avec Domingo, Ricciarelli
et Pons. C’est que, pour réussir l’opéra de Giordano, il faut d’abord un
trio de rêve. L’affiche proposée en ce soir du 26 mars au TCE renvoyait
à ce niveau historique, bien mieux que ne le fit Bastille naguère.
C’est qu’à Munich on sait encore réussir l’exercice avec régularité.
Ainsi, le 12 mars dernier, alignait-on pour la première de cet Andrea Chénier
royal le couple vedette local et le baryton italien qui monte : soirée
de feu, plus agitée par la mise en scène discutée de Philipp Stölzl que
par la réussite musicale, unanimement saluée et évidemment ébouriffante.
Quatorze jours plus tard et avant d’y reparaître sur scène le 30 mars
et le 2 avril, voici la réussite réduite – ou, mieux, condensée – en
concert. Avantage : elle porte le théâtre en elle, dans un jeu naturel,
déjà intégré par tous, autrement sympathique que le rang d’oignons usuel
ou le semi-staged construit à la va-vite. Et, pour certains, elle évite ainsi les errements d’une mise en scène trop souvent hors de propos.
L’impression
première, c’est l’orchestre de la Bayerische Staatsoper qui la donne,
montrant qu’il n’a, sous la baguette très enlevée d’un Omer Meir Wellber
dansant la partition autant qu’il la dirige, rien à envier en matière
de couleur, d’élégance, de qualité des pupitres et de précision absolue à
son équivalent parisien quand il est mené par un Philippe Jordan des
grands soirs. Drame voyant et poésie intériorisée, jeunesse flamboyante
et patriotisme exacerbé, jalousie emportée et exaltation mortifère, tout
ici se coulera dans le creuset d’une grande soirée et fera finalement
apprécier l’orchestration de Giordano comme on en a peu l’occasion sous
d’autres mains moins sensibles. Les chœurs, eux, autrement distincts,
articulés, disciplinés que ce qu’offre généralement ceux de l’Opéra,
sont magnifiques.
Voilà
donc un support magistral à une distribution très attendue. Petits
rôles parfaits, figures et personnalités vocales, comme le puissant
Mathieu de Tim Kuypers ou l’Incroyable matois de Kevin Conners. Plaisir
de réentendre Elena Zilio, au médium et au grave encore impressionnants,
pour la courte intervention de Madelon. Doris Soffel, en Comtesse sans
émotions, et la superbe J’Nai Bridges en sculpturale Bersi de haut rang,
sont impeccables. Et l’on découvre Luca Salsi, grande voix qui, malgré
quelques graillons d’un instant (il est visiblement enrhumé), compose un
Gérard puissant mais aussi capable de nuances subtiles. Son chant est
travaillé, dans la matière du timbre, sombre, charnu, aux aigus solides,
au médium triomphant, aux graves peu à peu imposants, pour créer un
personnage traversé d’incohérence et donc en rien monolithique, qui de
l’antipathie réussit à faire surgir l’humain.
Bien
entendu, le foyer de la soirée devait être le couple royal Jonas
Kaufmann / Anja Harteros, dont on sait les merveilles. On attendait
surtout le retour du ténor après son Lohengrin de janvier, prudent mais
finalement éblouissant (lire ici),
pour avoir la preuve, deux mois plus tard, qu’il avait retrouvé tous
ses moyens, son insolence même et son indiscutable charisme. L’acte I le
montre à l’aise dans ce rôle de poète investi et charmeur où la lyrique
domine le propos. L’inquiétude naturelle de son chant, l’obsession de
la recherche des couleurs sombres, conviennent au rôle mais font qu’il y
manque un rien d’éclat, de lumière. Et même, ce soir, d’aisance et
d’absolu. Car on réalise bientôt que l’émission se donne en force,
Kaufmann luttant contre une voix certes toujours disciplinée comme il en
est peu mais un rien rétive, plus apte à produire un chant héroïque et
puissant (Otello, prévu pour juin à Londres, se profile déjà derrière ce
Chénier qui demande certes beaucoup) que ce jeu infini des pianissimi
qui fait sa gloire depuis une décennie déjà... Et voilà justement, au
milieu du duo de l’acte II, l’accident qui survient sur le départ d’une
note filée – sa spécialité –, craquée et aussitôt sauvée – avec art,
certes – mais si surprenante, si inattendue qu’on en reste tétanisé.
Fatigue, calendrier encore trop chargé pour une voix qui a dû se taire
l’an dernier et devrait encore se ménager, rôle trop lourd, évolution
naturelle de l’instrument qui devra aller vers d’autres moyens
d’expression ? On ne sait. Mais on s’inquiète, comme l’interprète qui se
tend immédiatement, laissant deviner sa fragilité – momentanée, on
l’espère encore. Le duo, un peu moins aisé qu’on l’espérait, s’achève
sur de magnifiques nuances forte, sur des caresses vocales
aussi. Ouf ! Le public ne lui en tient en rien rigueur, Harteros lui
manifeste un soutien quasi fraternel. On fond ! Mais au long de la
seconde partie on ne retrouvera pas l’évidence qu’on connaît à son
interprétation par la captation londonienne de sa prise de rôle en
2015 ; plutôt ce combat, cette maîtrise et cette victoire finale, quand
enfin on retrouve ces notes filées qui sont sa marque de fabrique (« Ella viene col sole ! »)
et la gloire d’aigus à l’impact sidérant. Le duo du IV, exalté et
surtout admirablement partagé, le montre tel qu’en sa légende, achevant
en splendeur un rôle où, malgré ces petites incertitudes, il reste
évidemment majeur.
C’est
qu’il y a aussi, face à lui, pour l’inspirer, le porter, le
transcender, Anja Harteros, partenaire magnifique et interprète magique
une fois de plus. De la fraîcheur de l’adolescente découvrant le
sentiment amoureux au grand oiseau blessé qui évoque sa détresse à
l’acte II, jusqu’à l’ange subjugué partant vers la mort, tout est ici
d’une grâce, d’une féminité, d’un charme personnel que seule domine
encore une maestria technique chaque fois renouvelée, qui laisse à toute
rencontre l’impression d’un progrès par rapport à la fois précédente.
Le legato, la façon de sculpter le son, de passer de la
miniature à la prouesse, les jeux de nuances, de timbre, de couleurs,
tout est ici confondant. Ainsi « La mamma morta » est, au delà
de l’émotion pure, une leçon d’art absolue. Salle en délire, bien sûr,
comme plus tard après le duo final. Et c’est entièrement justifié.
Pierre Flinois
Thank you for this very fine review in French with all the subtlety of this language.
Thank you once again cara for taking me along.
ReplyDeleteAnd I am always so grateful to see you manage to follow me in my special English... Thank you Willym! have a nice Spring comming in your island ! Best !
ReplyDeleteoups ! coming does alright and with no more speed with 2ms....
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